Mélenchon et Giscard en sont d'accord, la mouture lusitanienne du TCE n'est ni "mini", ni simplifiée, et ne change rien sur le fond. Cette controverse entre nonistes et ouistes a donc déjà été traitée et, bien qu'elle ait abouti au résultat qu'on sait, elle n'implique pas de réponse si évidente à la question posée au parlement cette semaine. C'est que le contexte politique, c'est-à-dire la présence de sarkozy à l'Elysée, ne permet aucune bonne option.
Ces propos risquent déjà d'avoir mis en fureur les nonistes de gauche, tels Edgar, mais soulevons tout de même quelques éléments de pragmatisme politique un peu trop passés sous silence:
* La consultation, ou non, par referendum est de l'unique responsabilité de sarkozy. Il faudrait tout de même veiller à faire porter les responsabilités là où elles sont, en particulier quand l'intéressé a la facheuse habitude de ne se sentir comptable de rien.
* Prenons un coup d'avance: en cas de referendum, quel résultat politique après un oui, et après un non?
Que les français votent non et sarkozy le considérera comme un quitus de sa politique de gribouille sur le plan européen, se lavant les mains d'une Europe au point mort, voire se défaussant de cette situation sur les nonistes français.
Que les français votent oui et sarkozy le prendra comme une victoire personnelle et approbation a priori de tout ce qui pourrait suivre sur le plan européen. Or l'avenir de l'Europe après un oui n'est pas déterminé par ce oui mais par ce qu'en feraient les dirigeants (*).
* En réalité ce qui est proposé est une fausse alternative. Si on admet que le texte en débat serait le même, ça voudrait dire reposer la même question. Après avoir échoué à obtenir un texte institutionnel court, le mauvais ouvrier sarkozy reviendrait voir ses mandataires pour leur repasser le même plat en sachant qu'ils n'ont personne d'autre pour faire le boulot. Autant éviter cette mauvaise comédie, et le laisser assumer seul la situation dont il est à l'origine.
Si nous devons attendre un autre représentant pour faire avancer l'Europe dans le bon sens, la meilleure idée est de ne pas laisser celui-ci esquiver son échec et lui donner ainsi plus de chances d'être reconduit.
sarkozy, tel le Napoléon de la berezina, nous propose le gel ou la débacle.
Dans un tel cas l'abstention trouve quelque justification.
(*) c'est pour cette raison que j'ai défendu le oui en 2005, avec l'espoir qu'un président français résolu à tendre de nouveau la main à l'Allemagne pourrait en s'appuyant sur le TCE redonner de la force politique, de l'activité économique et de la cohésion sociale à l'Europe. Un pari de toutes façons compromis par le résultat du 6 mai 2007.