Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : sauce politique
  • : politique
  • Contact

Bande son

musique insérée dans les articles, de circonstance si possible

-


Add to Technorati Favorites


Recherche

10 octobre 2008 5 10 /10 /octobre /2008 14:57
Il est fait tellement d'efforts pour se river à une lecture technique de la crise qu'on pourrait se demander si nous n'avons pas encore une fois affaire à cette sorte de militantisme de l'absence de jugement qui caractérise le journaliste de compagnie. Une sorte de grève du zèle consistant à surabonder dans l'information bêtement descriptive, à passer les plats, à réemployer le jargon sans distance, pour mieux pouvoir dire ensuite toute sa perplexité. Et bien sûr passer le micro aux missi dominici type Alain Minc, ou encore aux idiots utiles que sont les singes savants de la finance, incapables de sortir de schémas mentaux dont la complexité mathématique suffit à rassasier l'intellect.



L'énormité des chiffres et de leur variation achève de focaliser l'attention sur "les marchés" (boursiers), et de détourner les regards de la vraie vie, alors que c'est là que se produisent les vrais dégâts. Cette réalité n'est pas moins "de marché" (avec des chiffres certes moins spectaculaires), mais, qu'il s'agisse d'expropriations de familles sous hypothèque dévaluée ou d'asphyxie des petites industries pour cause de tétanie bancaire, c'est là que se paiera l'inconséquence des pseudo-banquiers.

On glose sur les "pertes" des opérateurs du stock exchange, mais la valeur de leurs titres n'était de toutes façons pas indexée sur une réalité opposable, concrétisable, sauf à patienter sérieusement (2% des échanges interbancaires participent de l'économie réelle). Ce dont certains se rendent comptent un peu tardivement d'ailleurs, qui veulent tous sortir de ces valeurs virtuelles où ils s'amusaient tant. Le pire est que ceux qui ont le moins perdu aujourd'hui, ou auront eu la lucidité élémentaire de reprendre ce que les petits cons (majoritaires) auront inconsidérément laissé, seront ultra-gagnants une fois la crise passée. Et d'ailleurs, il restera en général quelque chose même à ceux qui ont "perdu" (mais qui auront le culot de pleurnicher).



Est ainsi escamoté, derrière la technique et les volumes factices, ce qui intéresse pourtant la majorité et qui forme la vraie problématique politique:

* en amont, une politique américaine du logement fondée sur le "tous propriétaires", associée à une politique économique de pression sur les salaires, qui contraint ceux qui n'ont que ces salaires pour revenu à accepter des conditions de "prêt" fondées sur l'hypothèque et surtout sur l'idée d'une hausse perpétuelle du marché immobilier. Cette politique amène concrètement ces gens à la rue, avant d'amener les banquiers à chier dans leur froc, ce qui est spectaculaire chez un banquier mais spectaculaire ne veut pas dire digne de considération.

* en aval, le crédit, déjà très peu accessible du fait que la banque faisait mumuse plutôt que faire son métier, est en train de s'arrêter du fait de la paralysie des mêmes banquiers qui outre leur absence de bon sens ont un sang-froid de midinette. Or une société non financière a besoin de fonds pour faire tourner la boutique, même quand les affaires vont bien: avant de vendre ses produits en faisant du profit, il faut acheter ses composantes. Une société qui ne peut plus tourner est une société qui ferme, et c'est donc bien plutôt dans l'économie réelle qu'il faut attendre des séries noires.

Les fonds débloqués pour s'occuper de l'économie réelle restent pourtant assez faibles, et aucune ingérence n'est encore envisagée dans la finance. Peut-être considère-t-on que le secteur financier tel qu'il est, avec sa forte ingénierie financière et ses milliards qui se balladent, est finalement plus stratégique que les autres pour les pays occidentaux?
En tous cas la réaction des responsables politiques concerne surtout les banquiers et vise à les sortir de cet état un peu ridicule -mais pas sans conséquence- de tétanie. Elle consiste pour le moment à essayer de les relaxer, de promettre qu'ils ne manqueront pas de PQ, que tout sera nettoyé et qu'ils peuvent donc se reprendre. Le problème est que la méthode douce dans ce cas ne marche pas. Il faudrait que quelqu'un se décide à sortir la boite à claque, voire à matraque, débarquer dans les "salles d'opération", cogner bien fort sur la tronche, retirer les joujous et foutre tout le monde en cellule de dégrisement. On le fait bien avec les ouvriers en grève.

Partager cet article
Repost0

commentaires

C
Merci pour ces conseils forts intéressants, cela fait vraiment plaisir de tomber sur des articles aussi intéressants que les votre ! Je vous souhaite santé, longévité, succès, bonheur et la paix du cœur.
Répondre
M
certes, mais l'excès de zèle n'était pas loin dans quelques cas, notamment les PME. par ailleurs les banques françaises n'ont peut etre pas de subprimes en france, mais elles en ont aux US! de là à penser que les ménages français épongent par la frilosité qu'ils ont enduré les légèretés des mêmes envers les autres...le plan "eurogroup" prévoit qu'on puisse conditionner le soutien gourvenemental aux banques à ce que celles-ci s'engagent à financer l'activité réelle. je n'ai pas entendu sarkozy reprendre ce point bizarrement
Répondre
B
"en aval, le crédit, déjà très peu accessible du fait que la banque faisait mumuse plutôt que faire son métier" > le crédit était peu accessible en France où les banques étaient très rigoureuses sur la solvabilité des emprunteurs. Ce n'était pas du tout le cas aux Etats-Unis, c'est justement ce crédit bon marché (taux d'intérêts réels limite négatifs) et accessible à n'importe qui qui est à la base de la crise. L'attitude plus frileuse des banques françaises était sans doute plus responsable (pour le crédit du moins, pas pour les investissements exotiques).
Répondre