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28 février 2009 6 28 /02 /février /2009 20:52
Les rencontres entre politiques et blogueurs ne se différencient pas toujours des codes médiatiques habituels. En tous cas parfois pas assez: c'est le seul regret qu'avait formulé Benoit Hamon en juin dernier. Et pourtant, avec sa prestation de mercredi dernier à la république des blogs, il a récidivé: un langage un peu trop conforme aux standards médiatiques, un "format" (une sorte de tribune avec micro) trop classique.

Il semble au vu de ces deux exemples que la raison de cette sorte de retenue ne tient pas tant à la personnalité d'Hamon (même s'il a récemment touché les limites du "parler vrai" et "tiré les leçons"), qu'à la présence d'une caméra. La caméra est à double tranchant: sa présence crée l'illusion, sur le moment, que la scène a un certain intérêt, mais en même temps elle contribue à la rendre insignifiante sur le plan politique en contraignant la spontanéité de la personnalité qui s'exprime.

En même temps, quand les politiques se lâchent, c'est malheureusement assez rarement pour livrer le fond de leur pensée, dire les choses plus crument, poser un regard lucide sur la société. C'est plutôt, et c'est humain, pour parler des uns et des autres, de leurs petites (et grandes) histoires. C'était un peu le cas avec Julien Dray lors d'une occasion où pour le coup il n'y avait pas de caméra, même s'il y avait un micro. Dans ce contexte, où nous étions de surcroit peu nombreux, il passe autre chose qu'un simple discours. Dray est certes assez prompt à médire de ses camarades, mais quand je lui ai dit (le sujet était la campagne de Ségolène une fois de plus) que je souscrirais à tout ce que dit Jospin dans son livre "l'impasse", son regard et ses propos à ce moment là m'ont fait comprendre qu'il y avait dans son rapport à Jospin un vrai sujet.


A la suite de cet épisode il m'est apparu que le cheminement de Dray donne un éclairage particulier à l'histoire socialiste récente. Une version de l'histoire que j'ai proposée notamment à mes interlocutrices de mercredi soir (spéciale dédicace à Olympe, Polluxe et CC: "cimetière des éléphants". Et aussi MrsClooney tant qu'à faire).

Le leadership de Jospin à partir de 1995 a été vécu par Dray comme une mise en quarantaine. Jospin reprochait à Dray d'avoir encouragé les manifs lycéennes quand il était ministre de l'éducation nationale, c'est-à-dire quand Rocard était à Matignon, donc à un moment où le mentor de Dray, qui n'était autre que Mitterrand, ne dédaignait pas mettre des bâtons dans les roues de son gouvernement. De 1997 à 2002, Dray faisait donc partie du fameux "droit d'inventaire".
La "gauche socialiste", qui était une alliance entre Mélenchon et Dray, ne vit que le premier accéder au gouvernement. Passé 2002, la "GS" explosa et vit les trajectoires de Dray ét Mélenchon s'éloigner mais sur des positions renversées: Mélenchon qui était au gouvernement pris des positions très à gauche tandis que Dray, lassé d'être minoritaire, délaissa le gauchisme pour se rapprocher de François Hollande.
Le problème pour Dray est que même après 2002, l'essentiel du personnel socialiste restait dans une forme d'allégeance intellectuelle vis-à-vis de Jospin, que l'hypothèse de son retour, jamais vraiment écartée, continuait de constituer une sorte d'hypothèque sur son avenir.
C'est alors que Dray s'est tourné vers la seule personnalité qui proposait une rupture par rapport à Jospin semblable à la rupture sarkozyenne par rapport à Chirac: Ségolène Royal. Il serait difficile de démêler chez Ségolène la part d'anti-jospinisme qui lui a été insufflée par Dray, de celle inhérente à sa personnalité et à sa posture politique. Toujours est-il que cet équipage Dray-Royal est assez cohérent avec une certaine manière de faire de la politique, qui se veut plus populaire, qui recherche l'empathie, quand Jospin incarnait plutôt un certain élitisme républicain et un refus de la séduction assez protestant (il a par exemple refusé d'aller chez Drucker pendant sa campagne).

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PS: J'ai pu juger que Versac ne connaissait pas le mythe des cravates à chier, alors que pourtant il en portait une.
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commentaires

V
Merci pour ce billet très agréable… et souriant (pour un sujet pas évident) !
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G
Je viens de découvrir votre blog aujourd’hui et je pense que je vais passer plusieurs jours dessus.
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S
Bonjour. Si vous souhaitez rajouter un peu de poivre dans votre sauce (qui est néanmoins très bonne...), vous pouvez utiliser mes méfaits ! Tchao.
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S
Bonjour. Juste un petit mot pour vous dire que si vous souhaitez utiliser un de mes méfaits pour illustrer un de vos articles, n'hesitez pas ! Bonne continuation...
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P
Existe-t-il des hommes politiques qui ont encore des convictions ?
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