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musique insérée dans les articles, de circonstance si possible

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22 juillet 2008 2 22 /07 /juillet /2008 12:34
Comme prévu, celui dont on peine à se dire qu'il est président de la république plastronne depuis l'Irlande après avoir obtenu le plus petit résultat positif possible, non content d'avoir dans la même journée expliqué aux irlandais que le vote non était compté comme nul. Beau doublé pour inaugurer une double casquette. Un vote arraché de surcroit après un "festival" de la méthode sarkozyenne: d'abord tenter de séduire le votant, sinon l'amadouer, sinon dramatiser, sinon marchander, sinon faire du chantage, sinon intimider, sinon menacer. Dans l'ordre. Qui a dit méthode de voyou? peut-être bien. C'est dire en tous cas à quelle aune juger la morgue de celui qui se déclare vainqueur. Aurait-il "perdu" qu'il aurait "raillé-l'archaisme-de-la-gauche" et signifié aux commentateurs mondains qu'il avait malgré tout le beau rôle. Ce point étant le seul non négociable du sarkozysme, pour lequel il est paradoxalement prêt à toutes les mystifications et toutes les vilénies.



Insistons sur un volet trop peu relevé dans cette panoplie bien remplie de la voyoucratie politique. C'est ce que le député UMP Gilles Bourdouleix a appelé le "49-3 présidentiel", utilisé à ses dépens. Le principe est simple: imposer une mesure majoritairement rejetée, en l'occurence le discours du président devant le parlement, et malgré ce rejet déclencher un vote solennel du parlement, de sorte à contraindre les réfractaires à voter oui pour ne pas provoquer de crise du régime. C'est une sorte de jugement de Salomon à l'envers: on donne l'enfant à celle qui était prête à le sacrifier plutôt qu'à celle qui y a renoncé pour le sauver. Une manoeuvre parmi les plus retorses dont use et abuse Vicelard 1er, et qui illustre assez bien que là où certains admettent sans toujours l'avouer une sorte de "supériorité" de sarkozy, il y a en réalité une capacité à s'exonérer des règles communément admises dans les sociétés civilisées. De quoi s'arroger le qualificatif de chef, de son état. Mais certainement pas d'homme d'Etat. Mais qui donc parle de voyou?

Ce triste épisode parlementaire est par ailleurs éclairant sur le "cas" Lang. Un cas d'école, hélas.
Le billet précédent signé des "Left-Blogs" dit ce qu'il faut de son comportement, mais on peut même être plus sévère. Que Jack Lang soit en faveur d'un régime présidentiel, soit. Et même, qu'il vote dans un sens contraire à son groupe au nom de cette position, cela l'expose à sanction, voire exclusion du PS, mais on peut faire de la politique honorablement sans cette étiquette, et cela ne le condamne pas moralement.
Non, le vrai problème est que Jack Lang baigne tellement dans le jus sarkozyste qu'il est en train de s'y noyer. Entendons-nous: s'il avait été un personnage si intègre, tel qu'il se dépeint avec complaisance, Jack Lang se serait contenté de faire savoir son vote et son explication motivée sur le fond. Or il est en réalité tellement rentré dans le jeu sarkozyste que cela ne peut être totalement le fruit des circonstances. Son expression a chaque fois été pour cautionner, souscrire, valider les messages successifs du pouvoir, jusqu'à en reprendre parfois les mots, visant en particulier à falsifier la perception de l'enjeu aux yeux de l'opinion, couvrant par son bruit médiatique le message du PS, plus exigeant et qu'il convenait donc au contraire de ne pas gêner. Saluons sur ce point l'excellent discours d'Arnaud Montebourg.

Dès lors, il faut aborder un sujet il faut bien le dire un peu tabou à gauche. Celui des relations excessivement personnelles que certains dirigeants ont accepté d'entretenir avec nicolas sarkozy. Ceux-là répètent volontiers que "nicolas est adorable en privé". En effet, sarkozy s'y entend à draguer le mondain dans l'intimité, à coups de flatteries, et Lang n'était pas le moins disposé à cet exercice, de surcroit grand amateur de clinquant. Comme il n'y a pas de raison que ce qui marche avec les journalistes ne marche pas avec d'autres, on a donc entendu Djack fredonner de manière plus ou moins volontaire la petite musique qui l'a longuement bercé dans la promiscuité d'avec le pouvoir.
Il n'est malheureusement pas le seul. Si Djack a été essentiellement victime de sa coquetterie, d'autres ne sont pas beaucoup moins mûrs. Par exemple celui que, hasard, Djack a d'abord tenté de soutenir, Julien Dray. "Juju" n'est pas soupçonnable de traitrise, néanmoins il croit pouvoir conjuguer le rôle de premier opposant et maintenir des rellations on ne peut plus cordiales avec celui auquel il doit s'opposer. Dray est victime, lui, de sa passion pour la mécanique politique, ce qui l'a conduit à confier publiquement une forme d'admiration pour la superbe machine bien huilée qu'a pu représenter un temps l'UMP. On sait qu'il a été sollicité à plusieurs reprises, à différents moments, par sarkozy. Est-il conscient que si sarkozy cherche à l'amadouer, c'est aussi pour s'attirer des indulgences inattendues y compris à gauche? Toujours est-il que le style des critiques de Dray font rarement très mal, et que leur nature porte un peu souvent sur la forme. La dénonciation des "habiletés" peut toucher juste, mais ne peut-on soupçonner ce tacticien réputé de gouter celles-ci autant qu'il les condamne? "L'élu de banlieue" n'est-il pas fasciné par les manières de caïd qu'il déplore?
Dans ce registre, même la poignée de main de Daniel Cohn-Bendit après son discours enflammé suscite une gêne.
Et on pourrait difficilement arrêter là la série sans évoquer Manuel Valls, mais cet article est déjà un peu long...

Cette question de la distance nécessaire pour frapper sans retenue là où ça fait mal devra être intégrée, d'une manière ou d'une autre, dans le choix du premier secrétaire. On y reviendra.

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PS1: Les "Left-Blogs" commencent modestement à se structurer. Un billet commun (le précédent sur sauce) a été coécrit, peut-être une prémisse de travaux collectifs futurs?
Nicolas J., Rénovation PS, Marc Vasseur, Intox2007,
Trublyonne, Maxime Pisano, Betapolitique, Jon, Donatien, la pire racaille, et peut-être d'autres, l'ont publié. [un lien ici à chaque blog qui reprend le post, me le signaler].

PS2: le discours de Montebourg en vidéo

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22 juillet 2008 2 22 /07 /juillet /2008 10:09

A compter du 21 juillet 2008 et suite à l’adoption d’une révision constitutionnelle menant à une impasse démocratique par la seule voix de Jack Lang, nous, militants socialistes, blogueurs, estimons que ce dernier ne peut plus se prévaloir de l’étiquette socialiste.

De nombreuses voix se sont élevées au Parti Socialiste, dont celle très juste de Robert Badinter, pour dénoncer la supercherie du texte proposé et la dérive monarchique de notre démocratie. A l'inverse, sans même évoquer son rôle dans cette contre-réforme, Jack Lang a fait montre d'une attitude inacceptable, en accompagnant Nicolas Sarkozy jusque dans ses attaques contre un PS soi-disant "intellectuellement malhonnête", en contribuant par son omniprésence médiatique à rendre inaudible l'explication de vote de ce même PS et en faisant prévaloir sa singularité idéologique pro-présidentielle au détriment des positions décidées par son groupe.

Le groupe socialiste avait arrêté une position sans ambiguïté d’aucune sorte après un débat entre les parlementaires. Tous se sont rangés à cette décision sauf un.

Alors que le pays et les citoyens traversent une crise majeure, il était important d’envoyer un signe fort à l’exécutif en place. Ce dernier, et malgré des résultats électoraux récents mauvais, n’a cure de cette souffrance qui frappe les plus modestes d’entre nous. Ce vote était aussi un moyen de donner un signal fort, celui d’une opposition forte et soudée où le débat a toute sa place.

Ce soir, c’est au contraire un Président exubérant d’arrogance qui règne sur notre «monocratie», comme en témoigne sa volonté de contrôler les médias publics.

Aussi, nous demandons instamment à notre direction qu’en application des articles 11.11, 11.15 et 11.6 des statuts du PS, Jack Lang soit exclu du Parti Socialiste.

Les Left Blogs.

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17 juillet 2008 4 17 /07 /juillet /2008 00:10
Légèreté avec les dirigeants étrangers, légèreté avec les partenaires sociaux, légèreté avec l'armée, légèreté avec les finances publiques, légèreté avec la justice, légèreté avec les libertés publiques, légèreté avec l'audiovisuel... (ad nauseam)... et une nouvelle fois, persistant, signant, et enfonçant le clou, légèreté avec la constitution.
Comment un président de la république, garant des institutions, peut-il oser jouer la constitution sur une énième "habileté" (croit-il, mais le jeu n'amuse plus que lui) de dernière minute, hors de tout cadre, de toute délibération (il y en eu pourtant pour des semaines voire des mois), de manière unilatérale, évoquant un "engagement" aussi imprécis que sans garantie, à 5 jours d'un congrès solennel du parlement?



Le pire est que cette grotesque supercherie ne surprend pas, voire laisse indifférent: personne ne s'interroge vraiment sur le "droit de réponse" consenti. Sera-t-il à équivalence de publicité, d'audience? Aura-t-on trente secondes sur public-sénat, ou trente minutes en prime time? inutile de se fatiguer, la chose ne sera de toutes façons pas discutée, et en gros sarko demande rien moins que la confiance: c'est assez dire le manque de sérieux. La posture de façade amusera encore la frange la plus extrémiste du tartufisme mondain, mais chacun a compris que l'ensemble de la séquence est destiné à éviter une réforme qu'il ne souhaite plus dès lors que la version initiale, qui était à sa main mais a rencontré l'hostilité jusque dans sa majorité, a été largement édulcorée (sans toutefois relancer bien loin le balancier).

On traitait dans le billet précédent de la possibilité de mettre en cause la personne de sarkozy, en répondant par l'affirmative avec entre autres cette remarque: "Comme si l'egotisme ostensible du personnage n'avait aucun effet sur la qualité de l'exécution de sa politique, que celle-ci soit en soi contestée ou pas." Eh bien l'illustration n'a encore une fois pas tardé: même du point de vue de la droite, difficile de ne pas voir que la fièvre narcissique de Beauf 1er ne cesse de pourrir le travail du gouvernement, d'empoisonner les relations intérieures et extérieures, de comprommettre les équilibres péniblement construits, de décourager les bonnes volontés, d'éloigner ceux parmi les plus disposés à l'abnégation au bénéfice de l'intérêt général. Après avoir largement contribué aux échecs des gouvernements précédents par son travail permanent de sape au nom de ses querelles personnelles, sarkozy a érigé ce funeste mode de fonctionnement en discipline officielle de la sarkozie, s'accompagnant d'un cortège sous-merdes qui dans une république saine ne devraient même pas exister.

Bien sûr que cet individu est nocif, disons-le nuisible, sans préjudice de la nuisibilité de sa politique. sarkozy est à la république ce que la listeria est au lait pasteurisé: une vile bactérie capable d'infecter une substance noble parce qu'elle est aseptisée. Substance qui pourtant, au naturel, est dotée de défenses immunitaires virulentes. Alors oui, les dirigeants socialistes retrouveraient leur dignité à se ressaisir, à dire de la manière la plus crue, et donc cruelle, la nature éminemment misérable du personnage, à toiser avec dureté et précision ses minables petitesses. Il faut le faire non pas par méchanceté ou par esprit immiséricordieux, mais simplement parce que l'affliction qui la touche n'est pas soutenable pour la France.

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PS1: Moscovici et la "ligne claire" trouvent des points de convergence et c'est tout naturel. Si une majorité d'orientation social-démocrate doit se dégager, Gérard Collomb en fait naturellement partie.
Pour la bonne lecture du blog qui rapporte l'info, il est bon de noter qu'il s'appelle libé... Lyon. Nous avons ici la lecture "collombienne" de la rencontre, décrite évidemment à son avantage. Pour éviter les "enjolivements sous collombienne", le mieux est de faire parler les responsables concernés, ce qui est fait sur ce même blog, mais évidemment l'article n'est pas repris en une sur libé.fr...

PS2: On peut être social-démocrate et penser, comme le fait Pierre Moscovici,
qu'il ne faut pas "tomber dans le piège du «politiquement correct», qui veut faire de la gauche le contradicteur propret de sa majesté Sarkozy. La politique est noble, mais elle est aussi un combat sans merci"
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11 juillet 2008 5 11 /07 /juillet /2008 12:54
Peut-on exiger un peu de sens rhétorique, d'habileté dans la controverse, de la part de gens dont la politique est le métier? La question se pose depuis maintenant six ans, et la réponse pourtant évidente continue d'être contredite par l'incompréhensible manque d'à-propos des dirigeants socialistes. Et il faut bien le dire, en la matière Ségolène a fourni les exemples les plus édifiants. Toujours avec l'intention affichée de mettre sarkozy en difficulté, elle se met en réalité en difficulté elle-même par des interventions mal préparées, et ce avec maintenant une prévisibilité qui frise le tragique, s'exposant à la meute umpiste qui s'en donne à coeur joie.


Pourtant, sarkozy est loin d'être au-dessus de tout soupçon quand il s'agit de barbouzeries de toutes sortes, si on prend la peine de se souvenir de son intention proclamée de
se servir du ministère de l'intérieur contre son adversaire Villepin (toujours pour "se protéger", évidemment) et si on considère la réorganisation récente des services de renseignements, pour le moins inquiétante en particulier par l'absence de garde fous (ô combien nécessaire pourtant avec l'individu qui est au pouvoir).
Les juges d'Huy et Pons seront-ils lachés aux trousses des officines responsables des espionnages et intimidations respectives de Bernard Thibaut, Olivier Besancenot, Ségolène Royal? on craint de connaître la réponse. Pourtant, dans une période de reconfiguration du syndicalisme, de recombinaison des partis de la gauche radicale, l'agenda et les rendez-vous de Thibaut et Besancenot valent leur pesant de cacahuètes pour qui entend garder un coup d'avance sur le plan stratégique. Et qui se vante de se jouer des syndicats et de jouer de la division de la gauche?
Partant de là, c'est même hallucinant de voir des journalistes demander ingénument aux personnes concernées si elles se sentent espionnées: de qui est-ce le métier d'investiguer sur ces affaires, des responsables politiques? ou des journalistes?

On voit qu'il y a de quoi faire sur ce thème, à condition d'être dans l'offensive et de démontrer la légitimité de la posture vis-à-vis de l'opinion. Pourtant ce n'est pas sur cette question qu'il serait le plus souhaitable que l'opposition se réveille, tant il y a de sujets où alternent voire concomittent l'incurie et le cynisme du pouvoir, ceci sans qu'il y ait besoin d'aucune enquête. On aura évidemment l'occasion de revenir sur ces aspects purement politique, mais il faut saisir l'occasion des séquences récentes pour une autre réponse évidente contredite par les commentateurs médiatiques, celle à la question "peut-on attaquer la personne de sarkozy?". Bien sûr, oui.

A ce propos, certains osent des comparaisons indécentes avec Roger Salengro dans les années 30. Sans même évoquer le fait que la campagne organisée contre ce socialiste l'était avec l'assentiment des pouvoirs économiques et médiatiques, rappelons que la nature de la campagne était aussi clairement antisémite et, surtout, diffamatoire. Passons aussi sur l'insulte qui est faite, motivée par un souci d'intimidation des critiques les plus virulents, mais qui révèle plutôt qu'on est toujours moins pertinent dans les situations inconfortables.
La question n'est pas de savoir s'il est bien ou pas de haïr sarkozy, mais de juger si sarkozy est haïssable, de dire le caractère haïssable de ses comportements, de ses attitudes, de ses motivations, de ce que révèlent de lui ses réflexes, son impulsivité, sa manière d'être avec ceux qui ne rentrent pas dans son jeu.
A en entendre certains, il faudrait mettre son intelligence en sommeil forcé au nom d'un improbable esprit républicain dont la définition aura été trouvée sur on ne sait quel emballage de petit déjeuner. En particulier dans les moments de communion nationale, ainsi de la libération de Bétancourt: qu'une voix détonne et sorte du registre "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" pour pointer l'omniprésence subliminale et mystificatrice de sarkozy sur les images de Bétancourt, et aussitot on stigmatise un soi-disant militantisme haineux. Mais à voir la belle discipline avec laquelle chacun "communie" et rivalise d'effort pour ne surtout pas sortir de l'exercice de style imposé, à observer ce comportement comme dicté, cette béatitude de commande, on se dit qu'il existe aussi un militantisme de l'absence de l'esprit.
Comme si l'egotisme ostensible du personnage n'avait aucun effet sur la qualité de l'exécution de sa politique, que celle-ci soit en soi contestée ou pas.
Comme si cette manière sans équivoque de jouer la politique intérieure (et sa popularité française) sur le terrain étranger n'avait aucune conséquence diplomatique.
Tant que les ectoplasmes censés porter la parole de la gauche continueront de cautionner cette tartuferie, la crapulerie intellectuelle aura de beaux jours, donnée en spectacle à une France à qui rien d'autre n'est proposé, qui y trouve malgré tout un sujet de conversation à défaut d'autre chose, et qui, prenons-y garde, s'habitue à tout y compris au pire. L'exhibition sans vergogne de ce que la politique a de moins noble, voire l'ériger en principe de fonctionnement comme le fait sarkozy -lequel est toujours prompt à expliquer que la première qualité en politique est de ne penser qu'à sa gueule et "se faire" ses petits camarades-, cela relève de la pornographie, dont chacun connait le succès tout en s'en défendant pour lui-même et en détournant le regard.

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PS: La pornographie est la « représentation complaisante de sujets, de détails obscènes, dans une œuvre artistique, littéraire ou cinématographique ».

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4 juillet 2008 5 04 /07 /juillet /2008 13:10
Commentaire tardif sur la fameuse video "off" sur france 3. On n'y apprend malheureusement rien de nouveau sur les rapports tendus de sarkozy avec cette rédaction, ni sur sa propension à chercher à déstabiliser les journalistes qui lui déplaisent, ni sur son statut de champion du monde d'ajustage de veste.

La raison pour laquelle j'y reviens, après une discussion avec une connaissance, concerne sa demande de "parler de Carcassonne". On s'offusque, à juste titre, d'une énième preuve de l'ingérence exercée par sarkozy dans les médias. Cette critique se retrouve partout, mais tape un peu à coté, par l'effet d'une forme de routine et de lassitude. L'aspect le plus édifiant dans l'affaire me semble non pas le fait de cette demande, mais sa nature: pourquoi vouloir "parler de Carcassonne"? il était prévu que le journal traite ce fait divers, mais ce que demande sarkozy est surtout d'être interrogé là-dessus. On aurait pu imaginer que le Président de la République utilise son temps de parole dans une interview pour se concentrer sur les dossiers importants. Il aurait pu dire "on parlera de l'Europe?", ou encore de la Chine, des négociations à l'OMC, de l'économie française, des stock options... "et l'avenir d'Areva, hein, on en parle?".
Le fait qu'il préfère utiliser de longues minutes pour faire son numéro habituel et surfer (lourdement) sur le pathos du dernier drame survenu est révélateur du niveau auquel il est resté: assurément pas celui d'un homme d'Etat, bien plutôt celui d'un politicien désinvolte, incapable de s'élever au-dessus des facilités de la petite com', par nature esclave de la course quotidienne et âpre à la part de marché politique la plus juteuse: la beauferie à courte vue, l'incuriosité, l'indifférence bornée aux vrais enjeux.
Evidemment, dans ce registre, avec la libération D'Ingrid Bétancourt, il s'en donne à coeur joie. On oubliera donc assez vite que dans la stratégie de négociation, l'opniâtreté de sarkozy aura surtout été celle à s'attribuer le beau rôle, et ce de manière si peu équivoque qu'elle en constituait presque un obstacle à l'objectif affiché.
Le "choix de Carcassonne" est finalement ce qui nous éclaire le plus sur ce que sarkozy considère comme la télévision de qualité.

EDIT 5/07/08: L'ami
Vogelsong dit cela très bien: "Aujourd’hui défilent les journalistes, politiciens, artistes, tous engagés pour la libération de la Jeanne d’arc des Andes. Ils font de cet évènement positif leur victoire. Ils n’y sont pour rien. C’est une cause sans risque, consensuelle, où il est confortable de s’exposer (...). Aujourd’hui c’est la grandiloquente parade des combattants d’une cause sans opposition, ni contre argument."

De la libération d'Ingrid comme du "choix de carcassonne": surtout ne pas traiter les sujets problématiques.




Je ne pouvais pas ne pas aller saluer Olivier Bonnet mercredi soir, lors d'une séance de dédicaces à la librairie "résistances". Olivier a fait un travail extrêmement utile pendant la campagne 2007, de collecte, tri, sélection de l'information, qui rendait la visite de son blog bien plus efficace que de longs butinages sur le web. Et il continue encore aujourd'hui, nous offrant par exemple un article nous rapportant tout ce qu'il faut ne pas avoir raté sur la libération d'Ingrid.
Il a fait un travail équivalent il y a quelque temps sur l'"affaire Rudy H.". Je le mentionne parce qu'il a fait à la suite de cet article l'objet d'attaques indignes. Et surtout, injustifiées.

Olivier est devenu, à force, une petite encyclopédie vivante des tribulations de sarkozy, ce qui est bien utile pour les ressortir fort à propos et se rappeler à son bon souvenir. Salut à lui, donc, et surtout, achetez son bouquin!

PS: @ Hervé, je crois qu'il n'y a pas eu de bouffe après.



Ronald doutait du fait que Jospin soit intervenu pendant la campagne 2007, sur la valeur travail. Ce blog m'aura au moins permis de lui prouver qu'il l'a fait, et ce avec la force démonstrative qu'on lui connait, assez impressionnante. A ceux qui aiment ça, je recommande de le réécouter, ça contraste avec ce qu'on nous inflige habituellement.
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1 juillet 2008 2 01 /07 /juillet /2008 18:03
29/06/08 - cinq conseils généraux de gauche pour la solidarité financière

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28/06/08 -
les gains de productivité ont été en grande partie captés par une mince couche de bénéficiaires de très hauts salaires

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27/06/08 - Dans un
communiqué commun, "L’USM et le SM dénoncent ce paradoxe qui conduit la Ministre à demander en août 2007 aux magistrats d’incarcérer, autant que possible, au nom de la lutte contre la récidive, pour demander moins d’un an plus tard aux mêmes magistrats et pour le même objectif de procéder à des libérations massives dans le cadre d’aménagements de peine."

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26/06/08 - encore des vidéos de stylo: "
You can keep it", "je veux le piquer à personne"

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25/06/08 - Je serai à la

République des blogs : deux ans !
Recommandé par des Influenceurs
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23/06/08 - Quand le droit d'informer empiète sur le droit de s'informer, l'information devient propagande

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23/06/08 -
Bruni "J'ai l'impression que les gens qui sont complètement d'un côté ou de l'autre ne pensent qu'avec une partie du cerveau", visiblement ce ne sont pas les seuls, ou alors il y en a qui arrivent à être complètement des deux cotés... en ne pensant pas du tout

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23/06/08 -
lefebvre: "pas tolérable que des 'collectifs', type RESF viennent faire des provocations aux abords de ces centres"... typiquement sarkozyste: "d'un comique vulgaire s'il ne visait à masquer une réalité dramatique".
en 2012 on aura peut-être: "pas tolérable que des "citoyens" type de gauche viennent dans la rue dire du mal de sarkozy"

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23/06/08 -
Chevènement accuse Nicolas Sarkozy d'avoir "flatté successivement toutes les sensibilités (religieuses ou communautaires, ndlr) sans exception, sans mesurer que cette manière était la façon la plus sûre de dissoudre l'identité républicaine de la France". Une évidence pour tout le monde, mais que l'UMP trouve "totalement diffamatoire" "profondément inadmissibles, scandaleux et totalement irresponsables".
Quand l'attachement minimum à la vérité disparait, le règlement des conflits de vues par la parole devient illusoire. un coup de boule alors, peut-être?

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22/06/08 -
Rebsamen nuance son ségolénisme: "cette majorité pourra travailler avec le premier secrétaire, qu'il s'agisse de Ségolène Royal, de Bertrand Delanoë ou d'un autre"

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13/06/08 - Obama attaque sur l'économie:
"C'est un choix entre le plan de John McCain de continuer pendant quatre ans supplémentaires la coûteuse politique économique de Bush, qui a aggravé les inégalités et transmis une montagne de dettes à nos enfants, et le plan de Barack Obama, pour soulager les propriétaires en difficulté, mettre la santé et l'université à la portée de tous, et (réformer) le code fiscal afin qu'il récompense le travail plutôt que la richesse"

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07/06/08 - FMI : Juncker ironise sur une promesse de Sarkozy

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03/06/08 - Investissement, retraites, fiscalité: les propositions de Thomas Piketty
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1 juillet 2008 2 01 /07 /juillet /2008 01:06
J'utilise deezer, de temps à autres, pour agrémenter le blog d'illustrations musicales. Un truc découvert chez Balmeyer, qui avait utilisé le très entêtant "you know I'm no good", de Amy Winehouse, sur  un de ses (toujours) très beaux textes.



Habituellement, j'essaie juste de choisir un titre plus ou moins adapté au contexte, mais pour les deux derniers articles, les "lyrics" valent quand même d'être collés ci-dessous finalement (plutôt que de jouer à placer les mots "tirs croisés" dans le texte pour prétexte à insérer le titre "Crossfire"). Quand le blues a l'âpreté du vécu pour faire parler celui qui est acculé, et qu'il sort des trippes de Stevie Ray Vaughan, c'est pour le meilleur.

"Move over", ça veut dire pousse-toi de là, et le groupe Steppenwolf s'adressait plus ou moins à la génération dominante en 69, et en particulier à Nixon. Les paroles ont un écho étrange, mis dans un contexte socialiste d'aujourd'hui. A la même époque, en juin 68, les français "s'en allaient voter par millions / pour l'ordre et la sécurité" (Renaud, l'Hexagone). Effrayés qu'ils étaient par leur propre capacité à perturber l'ordre des choses...

[Les players sont dans les articles précédents, donc. Désolé pour les non-anglophones]


"Crossfire"

Day by day night after night....blinded by the neon lights
Hurry here hustlin there....no ones got the time to spare
Moneys tight nothin free....wont somebody come and rescue me
I am stranded....caught in the crossfire
Stranded....caught in the crossfire.

Tooth for tooth eye for an eye....sell your soul just to buy buy buy
Beggin a dollar stealin a dime....come on cant you see that i
I am stranded....caught in the crossfire
I am stranded....caught in the crossfire.

I need some kind of kindness....some kind of sympathy oh no
Were stranded....caught in the crossfire

Save the strong lose the weak....never turning the other cheek
Trust nobody dont be no fool....whatever happened to the golden rule
We got stranded....caught in the crossfire
We got stranded....caught in the crossfire
We got stranded....caught in the crossfire
Stranded....caught in the crossfire
Help me



"Move over"

Things look bad from over here
Too much confusion and no solution
Everyone here knows your fear
You're out of touch and you try too much

Yesterday's glory won't help us today
You wanna retire?
Get out of the way

The country needs a father
Not an uncle or big brother
Someone to keep the peace at home
If we can't get together
Look out for stormy weather
Don't make me pay for your mistakes
I have to pay my own

Yesterday's glory won't help us today
You wanna retire?
Get out of the way

I ain't got much time
The young ones close behind
I can't wait in line

If we can not wake you
Then we'll have to shake you
Though some say you'll only understand a gun
Got to prove them wrong
Or you will lose the battle
Don't you know we'll start a war
Which will be won by none

Yesterday's glory won't help us today
You wanna retire?
Get out of the way

I ain't got much time
The young ones close behind
I can't wait in line

Move over
Come on, Move Over
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25 juin 2008 3 25 /06 /juin /2008 11:38
Cette rencontre, vendredi dernier, avec Benoit Hamon fut goupillée via la confrérie MJS (les frères de l’ordre du Hemme-Jiesse ont beaucoup de ressource, comme chacun sait). Frère Benoit, figure tutélaire, s’est donc exposé au feu roulant de nos tirs croisés très obligeamment prêté au jeu de nos questions.


La parole a circulé parmi les blogueurs présents, comme nous en étions convenus entre gens polis, et les réponses ont pu être développées avec le temps nécessaire. L’assemblée (de blogueurs) était assez belle, donc soulignons la bonne tenue des interventions de Jérôme Chargé, du PRS (Mélenchonistes), Abadinte le soc-dem qui pourrait choisir Martine, Jonathan D. le malouin, Fabien-Pierre Nicolas le responsable régional DA, Frère Nathaniel (de la confrérie du Hemme-Jiesse donc), Frère Valerio (…), le mouvementiste démocrate Luc, le pirate Vogelsong, tous pris sous le mitraillage de l’indispensable Richard Ying (ses prises sont exposées ici). Peut-être aurions-nous pu tenter plus souvent de lui faire creuser certains points, ou encore chercher à mieux comprendre comment se passe, concrètement et au quotidien, l'écriture d'un texte de congrès par exemple.


Mais l’approche de ce congrès me sembla surtout le bon moment pour faire réagir les éminences socialistes -et BH en est une- sur un thème sur lequel ils font généralement l’impasse: l’entreprise. Le PS n’en parle pas, ou quand il le fait, ça ne parle pas. Cela appelle deux séries questions:

* L’approche des socialistes n’est-elle pas trop exclusivement "externe" à l’entreprise? Les responsables politiques n’ont-ils pas tendance à ne réfléchir que du point de vue un peu "énarquisé" de la puissance publique, par anticipation de leurs prises de fonction éventuelles dans l’appareil d’Etat? N’y a-t-il pas des voies de progrès par la réforme des mécanismes internes et des modes de gouvernance, dans la continuité de ce qui se fait par la Responsabilité Sociale de l’Entreprise et le Développement Durable?


* Si on ne sait pas parler de l’entreprise, n’est-ce pas à cause de la sociologie du PS, dont les responsables sont généralement professionnalisés dans la politique depuis longtemps? Si cette forme d’endogamie est un diagnostic juste, si elle nous rend effectivement inaudibles dans un certain nombre de domaines, comment diversifier nos sources d’influence pour y remédier? N’est-ce pas un moyen d’intéresser de nouveau les électeurs? Quelles conséquences sur notre fonctionnement interne ?

 


La première remarque du camarade Benoit, et elle est bien sûr tout-à-fait juste, est qu’il existe différents types d’entreprises. Il faut distinguer les gros groupes des PME et TPE, identifier les rapports de sous-traitance et les positions respectives dans la chaîne qui en découle. Bref, et c’est une position qu’il veut générale : "il faut se méfier des discours systémiques". J’en suis d’accord, la politique française produit trop souvent de grandes mesures touchant indistinctement l’ensemble, sans tenir compte de la variété des situations. Dans le cas de l’entreprise, on constate, suivant la taille, des inégalités d’accès aux politiques d’aides du gouvernement, des inégalités dans les accords RTT…
Concernant le dialogue social, il évoque au détour d’une phrase le principe de passer de l’obligation de négocier à l’obligation de résultat. On comprend la philosophie mais l’application concrète semble délicate : cela semble pouvoir contraindre le chef d’entreprise à s’aligner sur les revendications, ce ne serait plus de la négo… à affiner donc.
Détail intéressant, il a travaillé 3 ans "au sein de la direction d’une entreprise cotée" (
chez IPSOS), ce qui lui a permis de distinguer le type de pression que peut exercer un actionnariat "patrimonial" (avec un actionnaire-fondateur majoritaire), distinct de celui exercé dans le cas de détention par des fonds de pension par exemple. L’action souvent néfaste des fonds de pension lui permet de faire le lien avec la lutte contre les paradis fiscaux, qui souvent les hébergent. L’occasion de nous inviter à lire le rapport de Poul Nyrup Rasmussen, dont il a assisté à la présentation à Paris le 27 mars.
Revenant, enfin, sur la question du temps de travail, instrument de la réforme socialiste du travail, il prend position pour la 6ème semaine de congés payés.


S’agissant du fonctionnement du PS, j’ai eu l’impression qu’il a retenu son premier mouvement, avant de choisir de développer sur les dysfonctionnements les plus évidents du parti: Les interventions médiatiques qui frisent le ridicule à force de vide. Le fait d’accourir quand le sujet est consensuel (ex : gay pride), mais de se dérober quand il l’est moins (ex : manif du 17 juin). Le fait que le NPS ait fait 40% à Lyon au congrès du Mans, mais qu’il y ait zéro élu au conseil municipal… (ah, on y vient, à la cuisine).
C’est l’occasion d’un couplet classique: BH a eu le courage de "s’être compté", lui, et d’avoir été minoritaire en congrès. Traduction: il vaut mieux être dans la majorité, cela permet d’obtenir des postes, ce qui a un effet indirect sur la taille des troupes derrière soi. Ça a sa petite importance.
Ce passage, en creux, est très intéressant pour comprendre les mécanismes internes: il forme plus une illustration du problème qu’une ébauche de solution. Comme
dit précédemment, exister au PS nécessite beaucoup de temps en "relations publiques"  - d’ailleurs, questionné sur le sujet, Benoit reconnaît qu’actuellement il consacre énormément de temps à parler aux "amis" des uns et des autres (Fabius, Aubry, Cambadélis, Delanoe) - . Mais passer son temps à faire de l’animation politique ne peut être bénévole qu’un temps, et il faut bien que ça finisse par un poste rémunéré (souvent faiblement). C’est en partie là que la machine commence à se gripper: un camarade, s’il n’a pas de poste et s’il commence à être influent, peut vite devenir un concurrent. Cela n’incite pas à encourager les vocations et les impétrants, d’où certaines réticences à l’ouverture. Voilà le type de petits dysfonctionnements qui fait que la saine émulation politique peut tourner à la crispation entre factions plus ou moins verrouillées et hermétiques. Ajoutons qu’il y a souvent une relation de dépendance envers le "grand chef à plumes", entretenue par ce dernier parfois d’ailleurs, qui n’est pas toujours saine. D’où parfois des effets de "mercato" au début des carrières des "jeunes pousses" (Hamon fut rocardien par exemple).
Evidemment cette description est un peu exagérée, et la situation varie beaucoup suivant les hommes et les femmes, mais il s’agit ici d’analyser ce qui fonctionne mal pour éventuellement trouver des voies d’amélioration, en tenant compte des réalités triviales...

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PS: Durant les deux heures de l'entretien, il s'est dit évidemment bien d'autres choses, rapportées dans les comptes rendus de mes confrères. Je complèterai peut-être moi-même dans un aticle ultérieur.

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23 juin 2008 1 23 /06 /juin /2008 12:10

Poursuite du propos précédent: les processus actuels de sélection du personnel dirigeant du PS, à tous les niveaux y compris les plus petits strapontins, ne font pas toujours émerger les plus aptes à conduire la "rénovation". D'où l’erreur de ceux, Rocard en tête, qui ont une conception élitiste du parti, mais oublient la nécessaire réforme de son fonctionnement.

Autre aspect de ces processus: ils poussent à la professionnalisation dans la politique. En effet, il faut y faire preuve d'une assez grande disponibilité à la manœuvre, cultiver des réseaux, suivre les tribulations des uns, être attentif aux (re)positionnements des autres, tout cela dans un environnement assez flottant et informel. Cela exige une présence, une assiduité qui, même téléphonique, conduit à y consacrer le plus souvent un temps plein. Ce phénomène tend à éloigner les responsables socialistes de certaines réalités, et surtout écarte de l’appareil du PS de larges pans du tissu social, comme les secteurs marchand et industriel. En effet, pour atteindre des responsabilités le choix de s’engager doit être précoce. Le "privé" est donc (très) peu représenté, le "public" l’est beaucoup plus, avec les possibilités permises par la "mise en disponibilité" des fonctionnaires. Enfin, effet pervers supplémentaire, il y a une nécessité pour le reste de trouver un emploi rémunéré, et c'est le plus souvent dans les collectivités locales, dans des organismes publics, à défaut au sein des cabinets, ou comme assistants parlementaires, ou encore comme permanents du parti, avec les ambiguités que cela implique.
Disons-le tout de suite, ces travers valent aussi bien pour la gauche que pour la droite.

En général, quand on leur fait cette analyse, les socialistes sortent tout prêt leur "statut de l’élu" (un "must" du prochain congrès), souvent suivi d’un topo d’usage sur le non-cumul des mandats (non moins "must").

Ces deux solutions, certes intéressantes, ne sont pas tout à fait dans le sujet. Voire, ces réponses sont éclairantes d’un PS qui ne reconnaît guère que le poids politique de celui qui parle (élu ou dirigeant) pour daigner l’entendre.
En réalité, le sujet, c’est bien une forme d’endogamie, celle d’une population centrée sur elle-même, qui, seule, influe dans le parti. Le manque de diversité dans le parti est patente, autant du point de vue "minorités visibles" que sur le plan socio-professionnel, et cette lacune bride sérieusement sa fécondité intellectuelle.

Ces insuffisances expliquent, par exemple, que les socialistes ne savent plus parler de l'entreprise. Leur discours sur ce point ne parle pas aux français, alors que ce lieu de travail représente peu ou prou huit heures au quotidien pour des millions d'entre eux, et alors que l'entreprise peut être le lieu d'une part importante de la transformation sociale. A ce chapitre, on trouve dans les motions des analyses et propositions plus ou moins traditionnelles, toujours  exclusivement du point de vue de la puissance publique, c’est-à-dire le point de vue du parfait petit énarque. Jamais ne sont considérés les mécanismes internes de l’entreprise, dont l’expertise est laissée aux syndicats.

Voilà pourquoi, autre exemple, l’ineffable Larrouturou peine à se faire entendre par l’appareil. Pas issu du même sérail, pas élu, pas chef de courant, Pierre Larrouturou, du point de vue de l’apparatchik socialiste, ne représente rien. Larrouturou doit son ministère de la parole, au sein du PS, essentiellement à l’appui de Michel Rocard, et aussi un peu à son travail il faut le reconnaître. De bonnes raisons finalement pour être au sénat samedi 14 juin, quand il a réuni ses sympathisants (une 50aine de personnes au final) pour faire le point : le succès de sa pétition (signée par un peu tout le monde... il s'agit de "remettre le PS au travail") l’a encouragé à persévérer vers une contribution et pourquoi pas une motion.

Le personnage et sa volonté de rompre avec la glose habituelle pouvait susciter des espoirs, mais il faut bien reconnaître que son texte actuel, s’il dénote par son style direct et factuel, n’est pas exempt des défauts décrits plus haut : discours uniquement macro-économique et peu d’éléments sur le fonctionnement interne au parti.
Sa démonstration économique risque d'être mise sur le même plan que d'autres démonstrations d'autres économistes, et les "leaders" pourraient donc le ranger dans la case "économiste-conseiller pondeur de fiches". Pour éviter cette normalisation il serait souhaitable qu'il sollicite ses amis syndicalistes pour lui fournir un peu de matière dans le domaine de la démocratie sociale par exemple. Par ailleurs, il serait dommage qu’il ne mette pas les pieds dans le plat sur la question de la démocratie interne, lui qui n’a personne à ménager.
Voilà ce que je lui ai dit et j’espère que ces points seront plus développés dans son texte final.

[photo prise dans la "salle Mitterrand", au sénat, qui devrait combler le très larrouturiste Donatien]


Quelques pistes de conduite à tenir pour le PS:

* Lancer des consultations pluri-annuelles, referendums à choix multiples, débattus en sections.

* Le travail doit devenir un objectif contraignant pour les premiers fédéraux, avec un rythme d'au moins 4 conventions organisées au niveau fédéral par an.

* Le secrétariat national doit être resserré, avec une quinzaine de responsables bien identifiés, des objectifs de transparence, de disponibilité, d'ouverture sur la société et aux militants.

* Lancer des auditions publiques, aux niveaux national ou fédéral, destinés à recueillir les expériences d'acteurs variés de la société, sur proposition de ces derniers ou quand l'actualité le commande (plans sociaux, expulsions...), et ce en cherchant à renouveler les interlocuteurs.

* Offensive idéologique de soutien à la prise de risque entrepreneuriale, réinvestir le champ du commentaire d'actualité économique pour dénoncer archaismes managérials et fautes industrielles, promouvoir ceux qui marient progrès humain et progrès de la performance économique.

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22 juin 2008 7 22 /06 /juin /2008 14:07
Le clivage le plus perceptible dans ce congrès concerne la culture politique. Cela va s'exprimer dans les textes au travers de ce qui touche au fonctionnement du parti. La différence entre les principaux candidats, Ségolène et Bertrand, est sensible, mais elle n'est pas encore décrite explicitement. Heureusement, nous avons avec Lionel Jospin et Michel Rocard des camarades qui, par leur âge expérience, ont "quelques titres à s'exprimer sans détour". D'ailleurs Michel Rocard est assez connu pour s'exonérer depuis longtemps de la prudence souvent de mise au PS.



Bref, Michel et Lionel assument clairement: ils sont élitistes (le fait qu'ils comptent parmi les meilleurs esprits du PS et qu'ils le savent y fait peut-être quelque chose). Ils croient que l'élaboration des textes doit se faire par ceux qui ont fait la preuve au préalable de leur réflexion, de leur expérience, ceux qui se sont formés sur une période non négligeable de pratique politique ou dans leur secteur d'expertise. C'est cette idée directrice qui explique le repositionnement récent de Rocard puis de plusieurs rocardiens à sa suite. D'abord enclins à soutenir la contribution dont ils sont les plus proches, annoncé comme un texte fort et exigeant, ils se sont ensuite tournés vers Delanoe, puisqu'à choisir entre lui et Ségolène, c'est tout de même le premier qui apporte le plus de garanties sur le plan de la rigueur intellectuelle.

             [illustration: Bertrand qui peut enfin tirer sur la clope après la longue journée du 24 mai, à la sortie de la mutualité, pendant que Harlem débriefe]

Ségolène, elle, construit sa communication sur la frustration des "militants de base" et des nouveaux adhérents vis-à-vis de cette méthode. Mais elle ne parvient jamais à répondre à ceux qui la soupçonnent de fonctionner de la même façon sans le dire avec son propre cercle rapproché.

L'erreur de Michel Rocard n'est pas tant sur le principe que sur le fait que l'ascension au PS se fait de moins en moins au "mérite", et que nombre de ceux qu'il croit à même de travailler efficacement et pertinemment sur le fond en sont en réalité bien incapables, ayant surtout fait la preuve durant leur parcours de leur disponibilité à manoeuvrer, jouer des coudes et verrouiller, avec un tropisme immobiliste sur le fond.

Le jugement est certes un peu sévère, mais le problème est surtout que personne n'écrira ça dans une motion en raison de  l'influence que l'on prête aux premiers fédéraux sur les votes dans leurs fédérations. Or ce qui est en question au PS ce n'est pas seulement le travail au niveau national, mais aussi dans les fédérations.

Bref, ce qui est en cause n'est pas l'élitisme mais le carriérisme: le fait de se constituer des réseaux, des appuis, des "troupes", est prioritairement reconnu par le PS. Mais le peu de transparence dans lequel ces processus opèrent fait que la capacité à convaincre au delà de ses fidèles sur la base d'un discours structuré n'est pas toujours garanti chez ceux qui auront connu l'ascension dans ce système.

Comme on me reproche des articles trop longs, je poursuis dans l'article suivant.

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PS: cet article me permet de dépiler un peu les sujets que j'avais en tête avant de faire un petit compte rendu d'une rencontre entre Benoit Hamon et des blogueurs, dont vous aurez déjà quelques aperçus chez Lancelot.

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