C'est très dommage qu'on ne s'attarde pas sur la "diversion" de sarkozy dimanche dernier, un "pacte républicain" tout à fait splendide, vraiment. Il faut absolument le lire, c'est truffé de petites perles, et dans son ensemble extrêmement significatif, comme on peut le voir dans les larges extraits fidèlement restitués plus bas -et commentés, on ne peut pas résister!
C'est dommage, et en même temps prévisible, puisque les suiveurs, après le discours de Ségolène, ont comme d'habitude repris le créneau ump: "combien ça coûte?". Etrange que la question ne fut pas posée avant et à d'autres.
C'est dommage car du coup les nouveaux soutiens de sarkozy échappent à un fâcheux coup de projecteur, vu la situation où ils étaient. Ces Gallo, Macias, Finkielkraut et Glucksman, ont certes chacun obtenu leur petite phrase. Mais en contrepartie ils ont dû se mouiller jusqu'au cou dans une marrée de logorrhée, cautionner un tsunami de ce qu'ils sont bien payés pour identifier comme de la démagogie brute, revenir à leur condition de clientèle crédule dont ils prétendent se distinguer.
sarkozy a de nouveau prouvé sa filiation, non pas avec bonaparte comme s'illusionne Gallo, mais avec le chirac du "je vous surprendrai par ma démagogie" . Il s'est brossé une nouvelle composition de curé oecuménique, avec colombe en toile de fond à la place des pommes. Plaignons donc ses pauvres soutiens, et espérons pour eux qu'ils n'auront pas à assumer, ensuite.
Ce qui nous ramène à quelques questions: les électeurs peuvent-ils laisser à sarkozy le bénéfice du doute? sera-t-il possible pour ceux qui auront voté sarkozy de dire, s'il est élu, qu'ils ne pouvaient pas prévoir ce qu'il n'en ferait qu'à sa tête et pour sa tête ensuite? ou peut-être certains votent-ils en toute connaissance de cause quant à ses impostures, mais donnent sciemment un chèque en blanc au personnage?
Il y a quelque temps le roi des crocs de boucher nous avait déjà expliqué que "Peut-être que la société serait plus aimable à vivre s'il y avait davantage de gentillesse, de courtoisie, de respect.” A apprécier en fonction du travail des flingueuses lachées contre ségolène.
Eh bien il a pu faire encore plus gros:
-
"je n’ai aucune réticence à affronter des idées différentes, des opinions différentes […] C’est celui qui a peur de confronter ses idées à celles des autres parce qu’il se sent fragile qui pratique le plus facilement l’anathème, le rejet, l’exclusion. […]"
On va voir comment il rompt le combat en confrontant tout et son contraire.
"je ne cherche à débaucher personne. L’idée du débauchage est contraire à ma démarche et à mon état d’esprit. […] "
Les députés UDF des hauts de seine confirmeront.
"Quand des hommes de gauche me parlent de la justice sociale, je veux les écouter.
Quand des syndicalistes me parlent de la condition ouvrière, je veux les entendre. […] "
Passer le mot aux intéressés.
Et lorsqu’il s’agit de la France, il n’y a plus de camp. Lorsqu’il s’agit de la France il n’y a plus de parti.[…] "
A part ça, il n'a pas peur de confronter ses idées
"Je ne parlerai pas en mon nom mais au nom de tous les Français. Je serai leur porte-voix,[…] et d’abord des plus humbles, des plus vulnérables. Je ne serai pas le Président d’une France contre une autre. Je ne serai pas le Président d’une faction. Je ne serai pas le Président d’un clan.
Je ferai l’union de la nation. Je mettrai toute mon énergie à dénouer les conflits, à réparer les injustices, à éviter les tragédies, à empêcher que naissent des haines inexpiables."
En gros il ne sera plus sarkozy, autant ne pas voter pour lui c'est plus simple
"Je veux être le Président qui réconcilie les Français avec le monde. […]"
Ah bon, on était fachés? il se prend encore pour Bush là.
"Je veux être le Président qui réconcilie les Français avec leur Etat. (sic) […] les Français avec leur école et avec leur université. (re-sic) […] la France de la fonction publique avec la France du privé.(rere-sic)
Je veux être le Président qui réconcilie les croyants avec la laïcité et les laïcs avec les croyants. (rerere-sic) […] la France qui souffre avec la France qui réussit. (rererere-sic) […] les Français entre eux, quelles que soient leurs origines, leur couleur de peau, leur religion."
On sait qu'il s'y prend bien! remplissons nos baignoires de moutons
"Je veux être le Président d’une France qui donne sa chance à chacun, qui redécouvre le vrai sens du mot « fraternité ». […]"
Il cachait bien son jeu dis-donc.
"la fonction présidentielle […] exige une forme d’ascèse. […]" ...dont il est spécialiste!
"[en finir avec] l’Etat soumis aux groupes de pression, aux corporatismes et aux clientèles[…] laissant le champ libre aux féodalités. […]" faire et défaire...
"[contre] cette conviction que le peuple est dangereux, parce que le peuple serait toujours à la recherche de l’homme providentiel, toujours prêt au plébiscite. […]"
Voir plus loin la référence, contradictoire du coup, à De Gaulle 58.
"Mais que reste-t-il de la démocratie si l’on a peur du peuple ? […]"
Piqué chez Ségolène ça, sauf qu'elle parlait de démocratie participative.
"[…] la démocratie ne doit pas être abaissée par des comportements sectaires, intolérants ou claniques. Elle ne doit pas être abaissée par des comportements qui ne seraient pas dignes ou par des abus de pouvoir. Le Président de la République n'a pas le droit d'être l'homme d'un intérêt […]"
Demandez respectivement à Dupont-Aignan, à Genestar, aux RG, et à ses copains du CAC40.
"Ce n’est pas dans la réforme de la Constitution que se trouve la réponse au risque d’une excessive concentration des pouvoirs. […] C’est dans les comportements et la pratique que se trouve la réponse."
On a vu ça: il ne concentre pas les pouvoirs, il les monopolise.
"Je veux une démocratie irréprochable où le critère de la compétence l’emporte sur celui des amitiés et des connivences." Coucou Elkabbach et Chazal!
"Je veux une démocratie irréprochable qui utilise toutes les compétences sans en exclure aucune pour des raisons politiques. […]"
Là, vous avez une pelletée de hauts fonctionnaires qui se retournent dans leur placard.
"Après y avoir longuement réfléchi, je suis convaincu que la France n’a pas besoin d’un bouleversement institutionnel mais d’un nouveau rapport au pouvoir et à la politique fait de davantage de sincérité, […]d'honnêteté.d'honnêteté intellectuelle[…] "
En rouge il l'a rajouté LIVE! quand on dit qu'il est prêt à tout oser
"Qui ne se souvient qu’en 1958 la crise politique, morale, financière qui paraissait inextricable s’est trouvée résolue en quelques mois et que la confiance est aussitôt revenue parce que le Général De Gaulle avait voulu ce que le personnel politique de la IVe République, empêtré dans le régime des partis, n’arrivait plus à vouloir ? […]"
Rappellez-vous plus haut, surtout pas d'homme providentiel! Et en 58, y'avait pas eu un changement de constitution?
"On me dit que le service civique obligatoire c’est trop cher. Mais la désocialisation de la jeunesse, cela coûte beaucoup plus cher. […] "
Les associations de réinsertion du 93 sont payées pour le savoir, ou plutôt elles n'ont pas été payées!
"On a trop confondu le courage politique avec la politique des sacrifices. […] Les sacrifices sont parfois nécessaires. Mais dans ce cas tout le monde doit en faire."
Sauf ceux qui déménagent en suisse, ou encore qui étaient soumis à l'ISF.
"Je veux parler de la liberté. On a interdit [à l’homme] de choisir l’école de ses enfants. On lui a interdit de transmettre librement à ses enfants le fruit de son travail. On l’a privé des moyens d’être libre. Car l’on n’est pas libre quand l’impôt prend plus de la moitié du revenu. […]"
Sans commentaires, et juste derrière, ce très beau passage:
"On n’est pas libre quand on ne peut pas financer ses projets parce que l’on n’a pas des parents assez riches pour apporter des garanties ou parce que l’on n’a pas de relations. […]
On n’est pas libre quand on est soumis au chantage des délocalisations, quand on vit dans l’angoisse de l’exclusion ou du déclassement, quand on vit avec au ventre la peur de la précarité. […] "
Et donc on fait quoi: on généralise le CNE!
"Je veux parler de la responsabilité. L’égalitarisme c’est le contraire de la responsabilité parce qu’avec l’égalitarisme il n’y a plus de rapport entre les actes et les résultats. […] "
L'égalitarisme menace, c'est sûr, avec un écart de 200 smics contre 1!
"L’égalitarisme et l’assistanat sont dégradants pour la personne humaine. […] Je veux être le Président d’une France dans laquelle l’Etat aide ceux qui en ont besoin, ceux que les accidents de la vie ont abîmés au point qu’ils n’arrivent plus à se tenir debout tout seuls. […]"
Pour ceux qui n'arrivaient toujours pas à voir les contradictions.
"Je veux parler de l’ordre. […] L’ordre, c’est quand l’école apprend à l’enfant à distinguer ce qui est vrai de ce qui est faux, à apprécier ce qui est beau et ce qui est grand. […] " Eh bien voilà un cas d'école.
"L’ordre, c’est quand la loi est la même pour tous […] "
On a vu ça avec le délit d'initié de son pote Lagardère.
"L’ordre, c’est quand le travail paye plus que l’inactivité, quand on cesse de s’appauvrir en travaillant et de s’enrichir en spéculant. […] L’ordre, c’est quand le capitalisme est régulé, quand la concurrence est loyale, c’est quand l’entrepreneur est davantage valorisé que le prédateur, c’est quand les gains sont équitablement répartis entre le capital et le travail, c’est quand le dialogue prévaut sur la violence […]"
Encore une fois il fallait oser: l'ordre juste, tout pareil que Ségo. Sauf que pour le dialogue, entre autres, il y a un petit problème de crédibilité.
Attention à ce passage in extenso: il y a une proposition édifiante contre le mal-vivre (!).
"Aujourd’hui [l'homme est] seul ou presque dans un monde de stress, d’incertitude, confronté à la peur de perdre son emploi, à la dégradation de ses conditions de travail, à la pression de la concurrence, à l’exigence de compétitivité, de performance. Les grandes maladies du siècle s’appellent aussi le mal de vivre, le malaise existentiel de la jeunesse, le suicide. On n’en parle jamais. On en a honte. Je veux parler de cela aussi. A côté de la misère, de la pauvreté, je veux parler de la maladie, de la dépression, de ce qui atteint la personne au plus profond de son être, du regard que la société porte sur ces fléaux, sur cette souffrance qui n’est pas matérielle mais qui est humaine, qui est physique, qui est morale. La vie est devenue si lourde pour certains de nos compatriotes. Je veux engager puissamment la recherche médicale Française vers le soulagement de ce mal dont on parle si peu mais qui est si présent pour les jeunes comme les moins jeunes et qui n'est rien d'autre que le mal de vivre."
On était prêt à applaudir l'artiste pour le beau diagnostic, mais l'ordonnance fout les ch'tons: il compte remédier au mal-etre social non pas par les causes économiques mais par la recherche médicale pour soigner les victimes. S'il n'est pas pour légaliser le cabanis, alors c'est bien une médicalisation de la société en lieu et place de sa socialisation.
"L’histoire de France avance non par un impossible consensus ou une médiocre politique du juste milieu mais par la synthèse qui dépasse les contradictions. […]"
On est même au delà de la synthèse, on est dans le grand TOUT!
"notre pays qui entre le drapeau rouge et le drapeau blanc a choisi le drapeau tricolore et l’a couvert de gloire […]"
Et la vilaine gauche qui entretient la "haine de la france", et qui "dénigre la nation"
"Rassembler autour de ce projet le plus grand nombre de Français qui, sans renoncer à ce qu’ils sont, y reconnaîtront une conception de l’homme qui est aussi la leur […]" Effectivement y'en a pour tout le monde.
"Je ne mentirai pas, je ne tricherai pas.[…] Ce pacte, c'est mon engagement. Si je suis élu, il sera ma règle, mon exigence. C'est sur ce pacte que je demande à être jugé. […]
En résumé: "tout est dans tout, c'est là-dessus que je veux être jugé."
On ne peut décemment voter pour un mec qui se fout si ouvertement de notre gueule.