Rendez-vous était donné dimanche matin dans un amphi de l’université Diderot.
Cela m’a permis de (re)découvrir l’endroit, ces "grands moulins" récemment rénovés et abritant l’université. J’ai pu pas mal contempler ce très beau campus, vu le temps mis à trouver la bonne porte.
Bref, qu’est-il sorti de ce conseil national de socialisme et démocratie?
Il a permis tout simplement de se parler, et de constater que la pensée de chacun converge sur presque tout:
* Les idées social-démocrates sont aujourd’hui probablement majoritaires au PS, encore faut-il ne pas les galvauder et donc rester exigeant sur le fond pour que le congrès soit réellement gagné sur le plan du renouvellement idéologique.
* Le renouvellement c’est aussi les personnes. Des responsabilités au sein du courant sont données à la nouvelle génération.
* SD ne peut gagner le congrès seul, sa démarche est donc ouverte à ceux qui ne veulent pas d’une présidentialisation et qui forment la vraie majorité du PS, mais SD restera maître de l’orientation politique.
* Le rapport à la politique reste un élément d’identité, et si les méthodes du parti doivent être elle aussi renouvelées, chacun pourrait contresigner la formule de Roland Ries qui "ne croit pas à l'émergence par génération spontanée d'une ligne politique".
* L’hypothèse du retour de DSK et la virtualité de son leadership pose certes un problème de visibilité, mais n’interdit en rien la capacité du courant à structurer la rénovation.
* Sur proposition de JC Cambadélis (*), Pierre Moscovici sera premier signataire d'une contribution générale.
C’est déjà pas mal. Alors pourquoi "presque"?
Parce que la réunion (animée par Christophe Borgel, la "petite main" préférée de DSK), a commencé avec des prises de position en faveur d’un ralliement à Delanoë, de la part notamment d’Alain Richard. Ce dernier portait probablement la parole de nombre de rocardiens et peut-être de Rocard lui-même. Comme d’autres strauss-kahniens signataires du texte de Delanoë (Michel Destot, Patrick Sève, Serge Lagauche), il pense que le courant ne pèse pas assez lourd dans le parti et que des deux principaux candidats, Delanoë est le meilleur.
Ce point de vue, dominant parmi les premières interventions de la journée, a été largement rééquilibré (voire dépassé) par la suite par ceux qui, comme Huchon, souhaitent aller jusqu’à la motion, avec Moscovici pour premier signataire, de manière à rompre avec les atermoiements qui ont toujours empêché le courant d’affirmer son identité aux congrès précédents. Pour ceux-là, si Ségolène est plutôt vue comme un problème supplémentaire pour le PS, Delanoë ne donne pas pour autant de garanties sur le fond ni sur le plan des méthodes, et Pierre Moscovici est un candidat crédible à la structuration intellectuelle du PS.
De surcroit il sait taper fort, juste, et de manière non-stéréotypée contre sarkozy, vis-à-vis duquel il n'a aucune forme d'inhibition, d'admiration, de proximité personnelle, et avec lequel il ne se croit pas engagé dans une sorte de course aux bons points. Quand on y réfléchit, parmi les candidats plus ou moins déclarés (respectivement Valls, Dray, Delanoe, Royal), il en est peu, ou pas, qui présentent toutes ces garanties.
Je crois donc moi aussi qu’il faut aller jusqu’à la motion avec Pierre, n’envisager les alliances qu’après une période de friction électorale qui ne peut qu’aider à affuter notre pensée, et ne pas céder pour une fois à notre goût parfois immodéré du compromis.
Comme le dit Pierre Kanuty, "Au messianisme de Royal répond en écho l’impérialisme de Delanoë". Mais ces deux personnalités pèsent probablement moins qu’elles n’ont l’air de le dire.
Lors de la primaire de 2006, j’en ai entendu beaucoup qui votaient pour SR en vertu des sondages, mais avouaient partager largement les idées SD.
Par ailleurs, comme l’a signalé lors de cette réunion Jacques Meyer, l’action coordonnée de plusieurs camarades au Bureau National a permis à la fédération dont il est le premier secrétaire d’accueillir le congrès du PS à Reims. Cette petite victoire (sur le toulousin delanoiste Pierre Cohen) doit constituer un encouragement à persévérer.
(*) DSK a probablement acté ces décisions la veille. Plusieurs déclarations ont été faites suite à ce déjeuner dont certaines un peu malheureuses (notament celle selon laquelle il se "préparerait à 2012"). Non seulement DSK a répété quand il l'a pu, y compris en cercle restreint, que la priorité était le renouvellement idéologique et des personnes, mais la situation en 2011 reste suffisament incertaine pour que nos déclarations ne se résument pas à un attachement à une personne comme on peut le voir ailleurs. Le fait de s'effacer devant Mosco, même au stade de la contribution, est pour Camba déjà un renoncement à être un 1er secrétaire virtuel. Ce n'était pas forcément naturel mais tout de même assez logique (notament pas assez de retenue dans les déclarations vis-à-vis des personnes, en comparaison d'un Mosco plus affirmatif et positif, donc avec une compatibilité plus large), et ne préjuge en rien du leadership sur le courant.
PS: mes encouragements à Alternative Moscovici et aussi à Maisons-Alfort