29 octobre 2008
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Première note sur l'interview de Julien Dray. impressions.
Julien Dray est entré dans la salle avec l'air de quelqu'un qui sortait d'une engueulade, ou quelque chose de ce genre. Quelque chose ou quelqu'un nous l'avait un peu énervé aurait-on dit. On aura une idée du coupable par la suite.
Romain Pigenel, son assistant parlementaire, nous avait ramené de l'apéro (non alcoolisé) et en ouvrant les canettes on était en train de dire quelques conneries de socialistes pour se détendre, mais dès les premiers mots Julien Dray entra rapidement dans le sujet, en commençant par c'est quoi, en fait, le sujet?
Cette manière de brusquer un peu n'a pas donné le sentiment d'être systématique chez lui mais plutôt une façon parmi d'autres de tâter le terrain, de humer l'ambiance, de sentir les personnes.
Pour tout dire, j'avais vu le bonhomme dans d'autres contextes, de plus loin, mais dans cette salle de taille modeste sa présence se sent, et à l'occasion s'entend. La chose aurait pu être intimidante, mais on est entré dans la discussion comme si nous l'avions déjà entamée peu avant: on était bien là pour causer politique.
Ce qui marque, voire surprend un peu, au fil de cette rencontre en petit comité, c'est de voir que, au moins sur les sujets abordés, Julien Dray ne fait absolument pas semblant d'être convaincu. Cette remarque ne remet pas en cause la capacité de jeu et de calcul dont il ne fait pas de doute qu'il sait faire preuve par ailleurs. Mais dans ce contexte de congrès, même face à des petits blogueurs, il veut avoir raison et ne mégote pas sur les moyens vocaux et gestuels. En cela, disons-le, il y a beaucoup de ce qui fait sa force: contredire un militant, voire l'engueuler, c'est d'une certaine manière le respecter.
La contrepartie, ou ce qui semble être le défaut de cette qualité, est que si Julien Dray croit aux hommes, au contact humain, il peine à persuader ses interlocuteurs qu'il a autant d'appétit, autant de savoir-faire, dans le maniement des idées. Cette image de mécanicien de la politique, il en a conscience et elle le froisse un peu. On en a un peu causé, entre autres sujets, en partant du constat que le récent texte qu'il a signé sur la crise financière n'avait pas eu l'écho qu'il mérite, ce qui est injuste puisqu'il présente l'intéret assez rare de remettre les questions politiques au premier plan de l'analyse sur la crise financière: la politique américaine du logement et du travail par exemple.
Il y a encore beaucoup à écrire ici sur ces échanges, mais retenons que Julien Dray est un militant qui plaide pour un militantisme à hauteur d'homme.
A la fin de cette "interview", après que les blogueurs aient quitté la salle, Juju a ramassé les canettes qui étaient restées sur la table.
edit 30/10.08: j'ai écrit l'article hier après la rdb, j'ai oublié de préciser que l'interview a eu lieu hier soir de 18h à 20h dans les locaux de l'assemblée nationale. Les blogueurs présents étaient Ronald, Vogelsong, Abadinte, Eric, Hervé, Nicolas et Tonnegrande.

Romain Pigenel, son assistant parlementaire, nous avait ramené de l'apéro (non alcoolisé) et en ouvrant les canettes on était en train de dire quelques conneries de socialistes pour se détendre, mais dès les premiers mots Julien Dray entra rapidement dans le sujet, en commençant par c'est quoi, en fait, le sujet?
Cette manière de brusquer un peu n'a pas donné le sentiment d'être systématique chez lui mais plutôt une façon parmi d'autres de tâter le terrain, de humer l'ambiance, de sentir les personnes.
Pour tout dire, j'avais vu le bonhomme dans d'autres contextes, de plus loin, mais dans cette salle de taille modeste sa présence se sent, et à l'occasion s'entend. La chose aurait pu être intimidante, mais on est entré dans la discussion comme si nous l'avions déjà entamée peu avant: on était bien là pour causer politique.
Ce qui marque, voire surprend un peu, au fil de cette rencontre en petit comité, c'est de voir que, au moins sur les sujets abordés, Julien Dray ne fait absolument pas semblant d'être convaincu. Cette remarque ne remet pas en cause la capacité de jeu et de calcul dont il ne fait pas de doute qu'il sait faire preuve par ailleurs. Mais dans ce contexte de congrès, même face à des petits blogueurs, il veut avoir raison et ne mégote pas sur les moyens vocaux et gestuels. En cela, disons-le, il y a beaucoup de ce qui fait sa force: contredire un militant, voire l'engueuler, c'est d'une certaine manière le respecter.
La contrepartie, ou ce qui semble être le défaut de cette qualité, est que si Julien Dray croit aux hommes, au contact humain, il peine à persuader ses interlocuteurs qu'il a autant d'appétit, autant de savoir-faire, dans le maniement des idées. Cette image de mécanicien de la politique, il en a conscience et elle le froisse un peu. On en a un peu causé, entre autres sujets, en partant du constat que le récent texte qu'il a signé sur la crise financière n'avait pas eu l'écho qu'il mérite, ce qui est injuste puisqu'il présente l'intéret assez rare de remettre les questions politiques au premier plan de l'analyse sur la crise financière: la politique américaine du logement et du travail par exemple.
Il y a encore beaucoup à écrire ici sur ces échanges, mais retenons que Julien Dray est un militant qui plaide pour un militantisme à hauteur d'homme.
A la fin de cette "interview", après que les blogueurs aient quitté la salle, Juju a ramassé les canettes qui étaient restées sur la table.
edit 30/10.08: j'ai écrit l'article hier après la rdb, j'ai oublié de préciser que l'interview a eu lieu hier soir de 18h à 20h dans les locaux de l'assemblée nationale. Les blogueurs présents étaient Ronald, Vogelsong, Abadinte, Eric, Hervé, Nicolas et Tonnegrande.