politique
La droite aurait pu présenter des gens plus honorables que sarkozy. Fillon fait partie de ceux-là, on l'a déjà dit, même si depuis son ralliement il s'est assez tristement laissé aller dans le registre du flingage vulgaire et des grossiers tours de passe-passe. Le bonneteau, exercice roi chez les athlètes de la supercherie que sont les sarkozystes, a été abondamment utilisé ces derniers jours. On a repéré 2 ou trois trucs qui semble-t-il vont beaucoup servir au long de cette législature.
* C'est le chef, lui-même, qui nous alerte sur un nouveau danger, après l'égalitarisme et l'intégrisme laïc: le sectarisme, qui depuis qu'il est élu est devenu le vrai mal français. "jamais l'intolérance, le racisme, l'antisémitisme, et le sectarisme n'ont été aussi destructeurs, parce que jamais il n'a été aussi nécessaire que toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté mettent en commun leurs talents, leurs intelligences, leurs idées". "au service de la France il n'y a pas de camp. Il n'y a que les bonnes volontés de ceux qui aiment leur pays." (allocution d'investiture). Au niveau où s'est abaissée la conscience critique dans ce pays, il faut le dire: c'est de l'habileté de très grand standing. Il s'agit de dire: si on est pas d'accord, c'est qu'on est de mauvaise volonté (bon oui l'argument est simple mais ça ne semble gêner personne). On a oublié les tirades "sectaires" et falsificatrices sur la gauche. Le programme de sarkozy, tout honnête homme y souscrit, forcément. Pour les autres (les malhonnêtes), attendez-vous à vous faire traiter de bornés, d'anti-français, d'aigris etc. Voilà une acrobatie remarquablement exécutée, non?
* Dans la continuité, l'entreprise de dénigrement masqué va concerner les syndicats. Car voyez-vous, y'en a marre des syndicats archaïques, vous savez, ces conducteurs de train qui nous em...
Le choeur médiatique nous dira qu'il n'y a rien à en tirer de ces syndicalistes sectaires. Ce qui permettra, en s'appuyant sur le cas particulier de quelques conducteurs, de faire payer l'ensemble des salariés. Vous savez tous ces salariés qui ont été visités pendant la campagne, dans des entreprises où le syndicalisme est autrement plus difficile à faire exister? Eh bien tous ceux là vont voir passer les atteintes au droit de grève, au droit du travail, la réforme des contrats, les facilités de licenciement, la diminution de leurs retraites, de leurs indemnités etc.
Evidemment, si l'Etat décidait de réformer les règles de représentation, la CGT et la CFDT prendraient une ampleur et une légitimité accrue, à l'instar des autres pays, mais ça enlèverait ce bon vieil argument thatchérien de décrédibilisation des syndicats, ce qui serait dommage.
* Autre genre, l'UMP, et leurs journalistes de compagnie, ont sommé la gauche de condamner les antisarko d'après 2eme tour. Par exemple au "grand jury" de dimanche dernier avec Chevènement. Le trio d'inquisiteurs Aphatie, Séguillon et Beytout étaient en pleine forme comme on va le voir encore un peu plus loin.
- Aphatie: "comment jugez-vous la contestation que l'on a vu après l'élection de nicolas sarkozy?".
- Chevènement: "dès le soir de l'élection j'ai lancé un appel au calme"
- Aphatie: "c'est illégitime alors? n'est-ce pas illégitime de manifester, de descendre dans la rue..."
- Chevènement: "on a le droit de manifester, on a pas le droit de brûler des voitures".
Aphatie et Séguillon, audiblement, sont saisis par cette réponse. En effet, depuis le début de l'interview, ils font l'amalgame manifestant=casseur. Or il s'avère que contrairement aux affirmations du ministère, les manifestants n'étaient ni des extremistes ni des délinquants, mais des jeunes au casier vierge et aux emplois stables. voir ici et ici. L'idée va resservir, et l'attitude de la police aussi, qui consiste trop souvent à charger les manifestants pacifiques sans s'intéresser vraiment aux casseurs. Notons que quand les manifestants sont réellement armés, ils sont d'extrême droite, et la police ne bouge pas.
* Beytout poursuit l'inquisition un peu plus loin: "vous aviez denoncé chez nicolas sarkozy des relents xenophobes, ce sont vos termes, est-ce que ça c'est pas de la diabolisation?". Le Che: "j'ai parlé de relents, j'ai employé des mots qui disent ce qu'ils veulent dire". On est prévenus: en plus d'être bornés, sectaires et intolérants, on va être traités de diabolisateurs, voire, à l'instar de Gallo et FOG, d'antisémites, de lepénistes de gauche. Encore un beau renversement. Rappelez-vous plus haut la tirade qui associe antisémitisme et sectarisme, et vous comprendrez que le petit chef cherche à se faire passer pour Roger Salengro. Voilà pourquoi on a du mal à ne pas mépriser cet individu, fut-il président, contrairement à Juppé ou Fillon. Il y a des bornes à ne pas franchir (mais sarko s'en fout).
* Séguillon cette fois: "est-ce que l'idée d'un gouvernement resséré vous semble opportun, une bonne réforme en fait?". Beytout en rajoute une couche: "seulement 15 ministres il n'y a pas d'exemple récent dans la Veme république en tous cas".
FAUX, comme trop fréquemment. A chaque nouveau gouvernement, on y a droit, mais visiblement ça ne suit pas. Comme le dit libé: "Le plus ramassé est celui de Lionel Jospin (juin 1997), qui rassemblait 14 ministres, 2 ministres délégués et 10 secrétaires d'Etat.". vérifiable sur wikipedia.
Pour faire passer tout ça, on nous fait le coup du jogging. L'idée est de jouer à fond l'âge des nouveaux princes et utiliser le changement d'image. Les médias adorent. Nous allons subir une avalanche de dythirambes enamourées simplement parce que sarkozy est plus jeune que chirac et que les commentateurs n'y étaient plus habitués.
En réalité, avoir pour président le prince albert, en plus petit et moins chauve, ça fait surtout plaisir à Johnny: c'est comme s'il était citoyen de la principauté de monaco.