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4 février 2009 3 04 /02 /février /2009 00:55
Le sujet est scabreux, mais comme deux évènements de l'actualité suscitent des réactions autour de ce thème, à savoir l'apparition du blog "femmes engagées" et la sortie du livre de Ségolène Royal "Femme debout", c'est l'occasion de deux remarques, sur des femmes en politique donc:

Le principe d'un "blog de filles" reçoit des critiques au nom de l'antisexisme. Sur ce thème, on repère malheureusement la confusion entre "être égal" et "être identique": l'égalité, qu'elle soit entre les sexes ou d'ailleurs les couleurs de peau, ne signifie pas qu'il faille nier les différences. C'est ainsi que des antisexistes, ou d'ailleurs des antiracistes, en niant des différences (au lieu d'en affirmer l'égale dignité), se retrouvent à défendre leur cause avec de mauvais arguments et donc à la desservir*.
Un aspect plus pervers de cette argumentation qui se veut antisexiste, c'est de dénoncer comme sexiste la revendication d'une certaine féminité et de son droit de cité: ce rejet revient à imposer le status quo d'une vie publique dont les codes masculins largement dominants sont implicitement donnés pour universels.
Bien sûr, s'agissant de politique, on objectera avec raison le nécessaire universalisme des valeurs défendues. Mais le militantisme peut légitimement être jugé excessivement masculin, dans son approche et dans ses relations interpersonnelles. Si celles qui souhaitent une action collective plus féminine ne parviennent pas à exprimer cela autrement que par un collectif de femmes, alors pourquoi pas. Enfin, le bloguage est aussi un exercice d'écriture et on ne voit pas pourquoi un blog collectif revendiqué comme féminin serait moins légitime qu'un jury littéraire composé de femmes comme par exemple celui du "prix femina".
Bref, on peut passer beaucoup de temps à démêler les raisons qui fondent telle ou telle différence, entre les sexes, ou de la nature plus ou moins sociale de ces déterminismes, mais auparavant il est utile d'identifier des fourvoiements à éviter:
* l'existence de différences n'est pas en soi une si mauvaise chose.
* l'universalisme, ce n'est pas affirmer que la féminité n'existe pas.
* l'expression d'une part de féminité ne préjuge en rien d'une capacité à l'universalité.




(La deuxième remarque fera un peu antithèse, en apparence, mais -on se rassurera- il n'y aura pas de synthèse)

Lionel Jospin, qui a le sens du paradoxe, l'a pointé: dans son livre, Ségolène Royal évoque "Mme Strauss-Kahn" et "Mme Jospin", ("Je crois que Mme Jospin ne m’aime pas beaucoup. Pas plus que Mme Strauss-Kahn."). Elle réduit ainsi Anne Sinclair et Sylviane Agacinski à leurs rôles d'épouses, une manière de leur marquer une antipathie réciproque semble-t-il. Jospin rapproche cette réflexion quelque peu misogyne avec la posture de Ségolène Royal qui oscille entre revendication du féminisme et de la féminité, et il ne relève pas cette contradiction tout à fait par hasard.
L'originalité, entre autres, de Ségolène Royal par rapport à d'autres femmes politiques est de rappeler volontiers qu'elle est une femme, parfois d'en jouer (pas toujours à propos), et de revendiquer aussi une part de féminité dans son style et sa démarche. Disons-le, on peut légitimement lui donner raison tant il est fait peu de place aux femmes en politique et tant cet univers est masculin. Cette posture explique peut-être aussi une part de son succès.
La difficulté est que Ségolène Royal semble mettre sur le compte de cette féminité un autre aspect de sa démarche: une forme de dérobade politique permanente, un refus de se placer dans le champ de bataille idéologique, une sorte de vélléité de "présider" au combat politique plutôt que de s'y inscrire pleinement.  Or, si la confusion entre ce déficit de politique et le renouveau féminisé de la politique proposé par ailleurs sert Ségolène Royal, notamment pour désarmer les critiques, il dessert assez puissamment la cause féministe.

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* On voit malheureusement assez souvent des antiracistes se faire piéger par ceux qui veulent utiliser des différences pour suggérer une infériorité. Les discours racistes mélangent toujours des différences réelles (physiques le plus souvent) et des différences qui n'existent pas, ou font des amalgames entre des caractères qui ne se confondent pas. Il est alors toujours rageant de voir le contradicteur antiraciste se laisser emporter dans une logique de négation de toutes les différences quelles qu'elles soient. Ce fut trop souvent le cas par exemple avec zemmour qui du coup a joué là-dessus. Le mot "race" n'a pas de sens appliqué à l'homme, sauf à expliquer qu'il faille trier les individus selon des critères édictés par une certaine idéologie, pour ensuite mener une politique visant à atteindre une certaine "pureté" du groupe d'individus sous ces critères: on aura reconnu le nazisme. Cela posé, vouloir réfuter le nazisme en niant l'existence de blonds aux yeux bleus et de métèques au nez crochu part d'un bon sentiment mais ne réfute rien du tout. Ce qu'il faut y opposer est la variété infinie des différences et la liberté de chaque individu de se mêler à qui bon lui semble: il s'agit là d'une confrontation politique et non d'une polémique de pseudo-naturalistes.
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commentaires

V
Merci pour cet article qui m’a fait découvrir votre site très intéressant. Au plaisir de vous lire à nouveau.
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