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13 octobre 2008 1 13 /10 /octobre /2008 16:24
La crise souligne, par l'amplitude et la soudaineté de la baisse des cours de bourse, le rapport distendu qu'entretient le milieu financier avec une réalité économique affectée, elle, par nature, d'une certaine masse d'inertie. En somme la bourse est à l'économie réelle ce que Hollywood est à la vie quotidienne. Et ses acteurs, dont certains croient pourtant que le monde est menacé à chaque épisode, n'ont jamais vraiment "eu mal". Quand ils vont faire les courses, les millions "perdus" dans la journée ne leur interdit pas de s'offrir de bonnes bouteilles.
Dans ce milieu, on se dit qu'au final la crise se traduira pour les banques par une recomposition du paysage, après quoi tout pourra recommencer. Ainsi, telle grande banque française (selon le canard enchainé) aura pu matraquer les cours de telle autre (Natixis), en alimentant des rumeurs et en contribuant ainsi à entretenir la panique (peut être dans le but de l'acquérir à bon compte), et pourra poursuivre ses tribulations jusqu'à cette fameuse consolidation du secteur bancaire annoncée, ceci en toute inconscience des dégâts réels causés dans la vraie vie.

Plus grave, à aucun moment ne viendra à l'idée des banquiers que c'est ce type de comportement qui, quand tous font pareil, produit des mouvements de foule meurtriers au moindre bruit suspect, suivis évidemment d'une longue période d'attente retranchée et craintive. Passé la crise, ils plaideront donc pour pouvoir continuer à jouer, et c'est ce qui devrait leur être refusé. C'est un peu cette sorte de maladie d'insensibilité à la douleur qu'a justement soulignée DSK en répondant à la question "Est-ce que la peur est le pire ennemi de l'économie, comme le dit Nicolas Sarkozy?", ceci: "Le plus grand danger, c'est qu'on oublie la peur".
Donc, si on s'accorde à dire que les règles doivent évoluer, encore faut-il s'accorder sur l'objectif, c'est à dire réintroduire un peu de rapport à la réalité dans le système, pour lui donner un peu de stabilité, ce qui in fine est ce qui est demandé par l'"économie réelle". Devraient donc être visés toutes les techniques d'enfumage et de pur "jeu avec le marché".


  • Devrait être interdite par exemple la possibilité de "titriser" tout avec n'importe quoi, méthode d'enfumage qui ôte à la valeur d'un titre son identité comme actif économique. C'est-à-dire vider du "marché" ses composantes illisibles, ne reposant au mieux que sur des notes d'agences, elles-mêmes faciles à enfumer voire intéressées à la partie. Composantes du coup destinées à servir de support aux "produits dérivés" qui utilisent ledit marché comme une réalité autonome.
  • Devrait être questionnée l'intérêt, pour l'économie réelle, de la fréquence et des volumes d'échanges sur les places boursières. Si on peut admettre que la bourse peut servir de source de financement à une société au moment de son introduction, difficile de comprendre qu'on fournisse aux "traders" (dont on admet par ailleurs qu'ils fonctionnent comme des funambules extralucides sous cocaïne, réduits à se fier à des rumeurs) les outils pour donner libre cours à leur hystérie collective. Pourquoi ne pas limiter les opérations par exemple à une par semaine, par titre et par opérateur? personne n'en serait gêné au sein de l'économie réelle.
De manière générale, peut-être faudrait-il cesser de considérer le marché financier comme un "idéal" perverti par des vilains qui cachent des choses, et qu'il conviendrait d'"aider" en le fluidifiant et en permettant tout type d'opération pourvu que cela "reflète" l'état d'esprit du moment. De le considérer comme une sorte de divinité capable d'anticiper les effets de toute réforme et donc rétif a priori à toute régulation dans son mode de fonctionnement.
Peut-être faudrait-il, au contraire, réduire la part de jeu, limiter la possibilité d'agir sur les cours analysés en soi, ingénierie mathématique à l'appui (qui attire d'ailleurs tant de polytechniciens, dit-on). L'instabilité, voire la panique, se fonde sur un système qui rend les choses intangibles, furtives, et éphémères. Ces trois caractères sont un luxe à l'usage de certains que les autres paient cher.
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commentaires

V
Grâce à vous, j'ai pu apprendre beaucoup de choses intéressantes. J'espère en apprendre encore. Je vous félicite pour ces merveilleux partages. Continuez ainsi !
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M
c'est sûr que si avec un symbole aussi énorme, l'"esprit public" ne bouge pas et que le conseiller financier lambda peut continuer à faire la leçon aux "mauvais sujets" bancaires comme si de rien n'était, c'est à désespérerj'ai peur qu'on désespère
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E
Au fond, on devrait tous se révolter par les "solutions" qu'on apporte à la crise. Toutes ces injections de pognon frais pour sauver des entreprises privées qui se cassent la gueule, c'est comme un déni de tout ce qu'on nous a raconté pendant des années!Et si on s'amusait à jeter des capitalistes du haut d'une tour pour voir s'ils restent en apesanteur?
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