La tartuferie de certains commentateurs est désarmante. On a déjà vu que plus le boniment est rustique, plus ils y trouvent du bon sens. Dans le même genre, plus un vocable est creux ou ambigu, moins ils en questionnent le sens. Il en est ainsi de la discrimination positive, trimbalée partout depuis 3 ans sans que jamais personne ne signale qu'à défaut de clarification, tout ce qui pouvait se dire à ce sujet revenait à faire du vent. Cela a semble-t-il beaucoup amusé sarkozy, qui n'aime rien tant que de polluer le débat public.
De quoi s'agit-il? évidemment de savoir si nous parlons de critères ethnico-religieux ou pas, puisque le reste ne fait pas débat. En réalité, à propos de discrimination positive, soit ça existe déjà et il faut l'intensifier, soit ça n'existe pas et il faut que ça continue à ne pas exister. Soit on discrimine selon des critères territoriaux ou socio-économiques, soit on ne discrimine pas.
Qu'a fait sarkozy? tout ce qu'il était possible de faire pour pervertir le débat tout en en tirant bénéfice auprès des "communautés" ciblées.
Il a d'abord annoncé la nomination d'un "préfet musulman", laissant entendre un critère religieux donc, de manière à poursuivre une opération séduction envers l'islam. Celle-ci avait en effet déjà été entamée en permettant à l'UOIF d'être surreprésenté au CFCM (Une sorte de discrimination positive intra-confessionnelle, favorisant les ultras contre les modérés). Ce n'était pas le premier préfet qui se trouvait être de confession musulmane, mais c'était le début d'une sorte de fidélisation de clientèle.
L'UOIF (frères musulmans plutôt intégristes) aura été particulièrement bien traitée par sarkozy, qui préfèrera donc logiquement stigmatiser l'intégrisme... laïque!
Par la suite il a fait comme d'habitude: agiter le vocable et jouer au bonneteau avec sa définition. On a même entendu la version "donner plus à ceux qui ont moins". Très amusant, sarkozy pris en flagrant délit d'égalitarisme, qu'il vilipende aujourd'hui.
En passant, on notera que Nico 1er a l'art d'identifier les grands problèmes de notre époque: l'égalitarisme, l'intégrisme laïque...
L'égalité et l'impiété nous étouffent, au secours!
Enfin, le virage pris à fond la caisse avant la ligne droite:
* 1er credo, en octobre, dans Le Parisien: "J'aimerais qu'on me dise pourquoi il serait normal de faire de la discrimination positive pour les femmes ou les handicapés, et pourquoi ce serait anormal pour les compatriotes de couleur". Donc, pourquoi pas, un peu de biométrie pour mesurer la couleur des gens.
* Trois mois plus tard, lors du "sacre", c'est le contraire: "Je refuse le communautarisme qui réduit l'homme à sa seule identité visible". Exit donc le critère de religion et le critère de couleur évoqués précédemment.
Tout ça pour ça: intoxiquer le débat, parasiter la question pourtant essentielle des discriminations, les vraies, pour déboucher sur zéro résultat concret en 5 ans si ce n'est d'avoir accru la confusion dans les esprits. Bref, l'archétype du sarkozysme.
On en arrive parfois à se demander si cela est vraiment volontaire. Il y a une sorte de sincérité dans ces agitations désordonnées de verroteries politiques. Il y a comme un naturel dans la falsification. Sarkozy est-il vraiment intelligent, ou est-il ce qu'on appelle un fast-thinker, adepte de l'attrape-tout conceptuel? Si c'était le cas, il faudrait alors parler, de par la nocivité récurrente de son influence, de nefast-thinking...